vendredi 17 mai 2013

Remise en question



Cela fait presque un an que ma jument est en arrêt. Boiterie, colique sévère, plaie, champignons, lymphangite, sacrum déplacé, blessure au poitrail, sabot cassé et re-sabot cassé jusqu'à la partie sensible. J'ai l'impression que je ne pourrai jamais remonté ma jument, qu'elle ne pourra jamais être ré-entraînée. Je suis en grande remise en question à propos de ma jument. Qu'est-ce que je fais avec elle ?

J'ai passé près d'une semaine entière à pleurer sans arrêt, confuse. J'ai beau remanié mes options, je ne sais pas quoi faire.

1. Je peux la donner en adoption via un organisme québécois que j'apprécie beaucoup : Le Refuge de Galahad. Wapitoule pourrait obtenir une semi-retraite bien méritée avec vie au champs et quelques petites montes légères. Elle aurait une vie de cheval et pourrait guérir de tous ces petits bobos. Je pourrais prendre une demi-pension à mon coach et apprendre davantage. Je ne pourrais que beaucoup progresser sans avoir la responsabilité d'un cheval à ma charge.

2. Je donne toujours ma jument en adoption. Je prends quelques cours ici et là et j'économise pour acheter un cheval sain, à l'épreuve des bobos et avec plus de potentiel. J'en ai, par ailleurs, vu un qui me plaît énormément. Je ne le connais pas, mais physiquement, il me plaît et il n'est pas très cher. Si je pouvais me le permettre maintenant, j'irais le voir.

3. Je garde Wapi et je lui offre une retraite à une écurie moins chère avec des sorties et des amis.

4. Je garde Wapi et continue d'espérer qu'elle retrouve une meilleure forme me permettant de la monter. Je sais qu'elle est limitée, qu'elle est fragile et qu'elle n'a pas le potentiel de me donner le niveau que j'aimerais éventuellement avoir, mais je progresse comme je peux avec elle jusqu'à ce que je puisse lui donner une retraite et m'acheter un «vrai» cheval.

Je remets en question mes propres valeurs, mes buts. Je voulais offrir à ma jument un dernier foyer, une dernière famille. Je sais qu'elle a eu beaucoup de famille dans sa vie et je trouve ça ignoble qu'un cheval ait autant de famille. J'aurais aimé être la dernière, la définitive. Je me souviens, plus jeune, à l'écurie où je prenais mes cours, deux propriétaires parlaient. Une d'entre elles avait très hâte, son cheval était vendu et elle allait bientôt avoir son nouveau cheval plus performant. J'écoutais, dégoûtée. Cette fille avait son cheval, ce que j'espérais de toutes mes forces et elle était heureuse de le vendre pour en avoir un autre ? Pour moi, un cheval, c'était pour la vie. Un partenaire, pas juste un accessoire. D'un autre côté, je me suis acheté une jument pour pouvoir apprendre à mon rythme, monter quand j'en avais envie, pour progresser davantage. Qu'est-ce qui prime ? Mes valeurs (un cheval pour la vie) ou mes objectifs (progresser, devenir une meilleure cavalière) ?

J'ai beau y penser sans arrêt, j'ai du mal avec l'idée de ne plus avoir de cheval à moi. Bien qu'il m'arrive de me plaindre, j'aime bien aller à l'écurie, sortir ma jument et aller regarder des cours pendant qu'elle profite de l'air frais. J'aime bien aller la voir quand bon me semble même s'il n'y a personne à l'écurie, que je n'ai pas de rendez-vous ou X. J'aime avoir mon cheval. Bien qu'une demi-pension me permettrait de prendre beaucoup de cours et, de ce fait, de progresser beaucoup plus, je ne veux plus me retrouver avec des chevaux-école. L'idée de donner Wapi pour prendre des cours sur des chevaux école me brise le cœur et ne me plaît pas. L'idée de la donner pour m'acheter un nouveau cheval m'enchante beaucoup plus. J'ai moins l'impression de perdre.